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Episode 1 : Plan épervier

 

Une journée comme les autres ...
 

Mickaël rentra tôt du boulot ce jour-ci, car il devait passer à la pâtisserie récupérer sa commande. En effet, ce soir était prévu l’anniversaire de son fils de 5 ans, et il avait fait préparer un immense gâteau  d’anniversaire en forme de terrain de foot qui était le sport préféré de Luka.

 

Arrivé à la pâtisserie du quai, la meilleure de Duclair, il dut faire la queue, c’était l’heure de pointe. Les discussions allaient bon train dans la file d’attente, car visiblement il s’était passé un évènement surprenant pendant la nuit, sur les plateaux de Sainte Marguerite sur Duclair. Le champ de blé d’André Magotte  avait été saccagé par des « casseurs », comme ils disaient ! Ils s’étaient amusés à plier le blé dans tous les sens, sur presque toute la totalité du champ qui était pourtant d’une taille respectable.

 

« Mais personne n’a retrouvé les coupables, lui dit la vendeuse en lui tendant la boîte de son gâteau. C’est par chez vous, ça, M’sieur Debreuils, non ?

  • Effectivement, le père Magotte est mon voisin ! Mais ils vont avoir du mal à les identifier, il n’y a pas un chat sur les hauteurs, surtout la nuit », lui rétorqua Mickaël tout en la remerciant, et en enfournant dans sa poche le sachet de bougies qui allait avec le gâteau.

 

De retour chez lui, c’était déjà l’effervescence. Maria, son épouse, bataillait en cuisine avec la cocotte-minute qui sifflait et crachait des volutes de vapeur, Anaëlle, sa fille aîné, râlait sur un devoir que lui avait imposé son prof de français, tandis que Luka accourait vers lui, cherchant à deviner le goût que pouvait avoir le gâteau à travers la boîte !

Le seul havre de paix au milieu de toute cette agitation semblait provenir de son frère Didier, qui était confortablement installé au fond du fauteuil en cuir du salon, tout en sirotant une boisson jaunâtre, sur laquelle flottaient deux cubes de glace.

« Salut Micky, viens t’installer avec moi, je me suis servi un pastagas en t’attendant ! T’en veux un ?? »

 

La soirée se déroula dans la joie et la bonne humeur. Luka était ravi par les cadeaux qu’il avait reçus, particulièrement celui de son parrain, qui était un drone électronique, muni d’une mini-caméra. Maria avait un peu réprouvé le cadeau, précisant que Luka était trop petit pour ce genre de jouet, mais devant la joie de ce dernier, elle s’était inclinée.

« Ne t’inquiète pas Loulou, fit Didier à son neveu, demain c’est samedi, on aura toute la journée pour l’essayer, et on filmera tous les toits de Duclair !! »

La soirée se poursuivit autour d’un petit calvados pour les parents, et tout le monde finit par aller se coucher un peu après minuit …

Luka n'est plus dans sa chambre !
 

3h00 du mat, Mickaël se réveilla, la vessie pleine ! Il fut tout juste étonné de croiser son frère qui sortait des toilettes, lui lança un « tiens, toi aussi !», et ne remarqua pas que ce dernier était encore habillé et chaussé.

Il se soulagea et retourna se coucher sans faire de bruit.

 

Le lendemain matin, 10h, Mickaël et Maria qui étaient déjà debout depuis le petit matin, s’octroyèrent une pause-café, en compagnie de Didier qui venait de se lever.

« Bien dormis ? demanda ce dernier.

  • Bien et toi ?, répliqua Mickaël. Je n’ai pas fait trop de bruit ce matin car j’ai dû bouger ta moto qui me bloquait l’accès au garage et j’avais tout un tas de vieilleries à transporter à la déchèterie !

  • Non, ça va, j’ai dormi comme un bébé rétorqua Didier.

  • Par contre, il faudra que tu regardes la tête de delco, car j’ai eu du mal à la démarrer.

A ce moment-là Anaëlle arriva dans la cuisine, la tête dans le coton, se traînant difficilement jusqu’à la table !

  • Maman, tu peux me faire chauffer du lait ? supplia-t-elle.

  • Bien sûr ma chérie, installe-toi tranquillement ma puce. Tu sais si ton frère est réveillé au fait ?

  • Non, mais il n’a pas été cool cette nuit, il a joué avec la lumière et ça m’a dérangé pour dormir.

  • Comment ça, il a joué avec la lumière ?

  • Je ne sais pas, mais comme j’avais ma porte ouverte, ça m’a tapé dans l’œil et ça m’a réveillé ! , se plaignit Anaëlle.

  • Bon, je lui dirai deux mots quand il sera debout » conclut Maria.

 

***

 

« Midi ! s’exclame Didier, l’heure du crime ! dit-il en fanfaronnant.

  • Non, c’est minuit l’heure du crime, rétorqua son frère, sombre idiot !

  • En tout cas, c’est l’heure de l’apéro !!, renchérit-il.

  • Ok, occupe-toi en pendant que je lance le barbecue! lui répondit Mickaël.

Il passa alors une tête par la fenêtre, et appela sa fille :

  • Anaëlle, va réveiller ta marmotte de frère, il ne va pas passer sa journée au lit ! »

Anaëlle revint le voir 5 mn plus tard et lui dit :

« Il n’est pas dans son lit !

  • Comment ça, il est où ? Maria, tu as vu Luka ?

  • Non, répondit-elle, je croyais qu’il dormait encore »

 

Mickaël et Maria firent alors le tour des pièces de la maison, tandis que Didier et Anaëlle le cherchèrent dans le jardin ; mais en vain pas de Luka !

L’inquiétude commença à monter, et Didier et Mickaël étendirent leur périmètre de recherche à l’extérieur de la maison, tandis que Maria et Anaëlle fouillèrent dans les placards et les moindres recoins où il aurait pu trouver une cachette. Rien ! Maria s’aperçut alors que les chaussons de Luka étaient toujours au pied du lit, et que son doudou, qu’il ne quitte jamais en se levant, gisait sur le sol près de ses pantoufles. Même ses cadeaux reçus la veille, n’avaient pas quitté la table où ils avaient été entreposés. A part Luka, rien ne manquait à l’appel…

Didier et Mickaël revirent alors à la maison, la voix éraillée d’avoir appelé Luka, et après une brève concertation, ils décidèrent d’appeler la gendarmerie de Duclair.

L'enquête de gendarmerie débute
 

La caserne étant à moins de 5 mn, les gendarmes investirent rapidement les lieux et tentèrent de reconstituer les évènements de la soirée jusqu’au matin, tandis qu’une patrouille se déployait pour faire une enquête de voisinage.

Visiblement, des jeunes voisins, qui rentraient de soirée, auraient croisé une voiture sombre qui « déboulait du chemin de chez les Debreuils » vers 1h du matin, tandis que le voisin d’en face, qui s’était levé jeter un coup d’œil après avoir entendu son chien aboyer, aurait aperçu « une lumière du côté de la chambre du p’tit ». Mais comme son chien s’était calmé, il s’était recouché, et il ne se souvenait plus trop de l’heure, mais c’était surement avant 3h.

Le brigadier Simon, considéra alors qu’il a suffisamment d’éléments concordants pour soupçonner un enlèvement, et décida aussitôt d’activer le plan épervier. Les parents s’effondrèrent, et Anaëlle se réfugia dans sa chambre pour pleurer à chaude larmes.

 

***

 

Les heures passèrent, et la longue attente commença, tandis que les gendarmes poursuivirent leurs investigations, firent un relevé d’empreinte dans la chambre de Luka et prirent une déposition précise de chacun. Ils récupérèrent une photographie du petit et notèrent qu’il était habillé d’un pyjama de couleur rouge quand il était parti se coucher.

Les gendarmes déployèrent alors un peloton dans le petit bois qui se trouvait à proximité de la cité où habitent les Debreuils. Un hélicoptère C135 survolait pendant ce temps-là la zone.

Didier sortit alors fumer une clope, tout en observant les mouvements circulaires réalisés par l’engin, tel un rapace qui recherchait sa proie. Il en profita pour passer un coup de fil discrètement.

 

***

 

Les recherches n’avançaient pas, et chacun avait bien en tête que plus le temps passe, plus les victimes d’enlèvement ont moins de chance d’être retrouvées en vie. D’ailleurs le brigadier Simon vint leur faire son rapport, qui n’était guère encourageant. La recherche dans la forêt n’avait rien donné, ni les barrages routiers qui avaient été disposés dans un rayon de 10 km. C’est alors qu’il reçut un appel de ses collègues.

 

Suite à cela, il rassembla la famille Debreuils dans le salon, et leur demanda si l’un d’entre eux était sorti hier dans la nuit avec la Renault mégane ? Tout le monde se regarda étonné par cette acertion, et tous dénièrent cette information. Le brigadier haussa alors le ton tout en reposant la question :

« Je vous le demande à nouveau, lequel d’entre vous a pris la mégane pour faire une ballade dans la nuit ? Nous avons pu récupérer les bandes vidéos des diverses caméras de surveillance de Duclair. Et nous avons clairement identifié les plaques de la mégane à 01h15 passant devant le Crédit Agricole en centre village ! »

Un silence pesant régna alors dans la pièce. Mickaël s’exclama soudain :

« C’est vrai que les clefs de la voiture n’étaient pas à l’endroit où je les pose habituellement ce matin. J’ai cru que c’était toi Maria qui les avait bougées ?

  • Non, non, je n’y ai pas touché », se défendit Maria.

Tous les regards se tournèrent alors vers Didier, tandis que ce dernier baissait la tête.

« C’est toi alors ? Mugit Mickaël. Maintenant ça me revient, quand je me suis levé cette nuit pour aller aux toilettes, tu étais encore tout habillé. Je n’y avais pas prêté attention, mais visiblement tu ne sortais pas de ta chambre ! »

Didier soupira, le regard toujours fixé sur le sol, puis prit une grande inspiration et s’exclama :

« Oui, j’avoue, j’ai pris ta voiture cette nuit, ma moto ne voulant pas démarrer, mais je n’y suis pour rien dans la disparition de Luka, je te l’assure !

  • Et où étiez-vous entre 1h et 3h du matin M.Debreuils ? lui lança le brigadier Simon.

  • J’avais besoin de sortir prendre l’air, répondit Didier du tac-au-tac.

  • La nuit de la disparition de votre neveu ?!! il va falloir être plus précis que ça M. Debreuils, je ne vais pas pouvoir m’en contenter.

  • Désolé, je ne peux rien vous dire de plus, Monsieur l’agent

  • Mais arrête tes conneries, s’esclaffa alors Mickaël. Tu vois bien qu’on n’est pas en train de jouer là ! Il s’agit de la vie de Luka, nom de Dieu. Tu vas nous dire c’que tu fouttais dehors cette nuit ? » hurla Mickaël.

Mais Didier resta prostré sur sa position.

« Vous allez devoir m’accompagner au poste, M. Debreuils, jusqu’à ce que la mémoire vous revienne. »

 

Deux gendarmes entrèrent alors dans la pièce, et escortèrent Didier jusqu’à leur véhicule, afin de le conduire au commissariat. Mickaël et Maria étaient abasourdis …

L'enquête stagne
 

La nuit arriva, avec son lot de mauvaises nouvelles. Bien que l’alerte enlèvement ait été diffusée sur tous les médias dans l’après-midi, aucune piste sérieuse n’avait pu être étudiée. Les recherches au sol n’avaient abouti sur rien non plus. Mickaël se rendit alors à la gendarmerie pour faire le point de la situation, et tenter d’avoir une discussion avec son frère.

 

Le brigadier Simon semblait lui aussi abattu. Il n’avait aucune réponse à apporter aux Debreuils. Il n’y avait même pas eu une demande de rançon quelconque, ce qui aurait été en soit une bonne nouvelle et aurait permis d’avoir un début de piste ! Mais là, rien … Il n’avait rien à présenter à la famille, en dehors de Didier qui campait toujours sur sa position. Le policier demanda alors à Mickaël s’il ne voulait pas tenter de raisonner son frère. Il ne pensait pas qu’il était impliqué dans la disparition de Luka, mais tant que cette zone d’ombre persistait, il ne faisait que ralentir l’enquête.

 

Mickaël entra dans la pièce où il vit son frère, assis sur une chaise et menotté au radiateur et ça lui fit un choc. Il le regarda alors durement et lui dit :

« Mais vois où on en est arrivé Didier ? Tu ne crois pas qu’il serait temps de me dire ce que tu as fait la nuit dernière, ou sinon je te jure devant  Dieu que je te fais cracher le morceau à coup de poings !

  • Ce n’est pas ce que tu crois, murmura Didier

  • Mais je ne crois rien, bordel ! Je veux juste la vérité, et savoir pourquoi tu as pris la voiture cette nuit ?

Après une longue hésitation, Didier se détendit un peu, leva la tête, et regarda son frère : « j’ai été à un rancart à Canteleu ;

  • Un rancart à cette heure-ci ? s’exclama son frère.

  • Oui, j’avais plus de matos, j’ai été m’en procurer. Et comme ma moto ne démarrait pas, j’ai dû emprunter ta caisse.

  • Mais tu ne pouvais pas le dire de suite, foutre-dieu !  tu nous as fait une belle peur.

  • Sauf que je te rappelle que je suis en conditionnelle pour conduite sous substances illicites. Et si je suis pris en train de me réapprovisionner en stupéfiant, c’est direct pour « Bonne-Nouvelle » pour 3 mois sans passer par la case départ.

  • J’avais oublié Didier. Mais là, tu sais, c’est trop grave. Luka a disparu. Ton « p’tit Loulou ». On ne peut pas faire perdre leur temps aux gendarmes. Il faut qu’ils axent leurs recherches sur ce qui est important. Je vais devoir le leur dire, si tu ne le fais pas toi-même ;

  • Je sais, je vais le faire ; pour toi, pour Maria, pour Anaëlle et surtout pour Luka.

  • Merci frérot, je t’en dois une !

  • T’inquiète, je survivrai. Par contre, il y a un truc que je dois te dire, mais que je ne dirai pas aux condés.

  • C’est quoi ? s’inquiéta Mickaël.

  • Lorsque je suis rentré, vers 3h à la maison, j’ai vu une lumière éblouissante à travers les volets de la chambre de Luka.

  • Oui, je sais, ça avait réveillé sa sœur, mais je n’y ai pas prêté attention.

  • Mais attend, ce n’est pas tout. La lumière s’est subitement éteinte, et j’ai cru voir un faisceau lumineux sortir à travers le toit, et monter direct vers la nuit noire

  • Et ?

  • Et c’est tout ! tu ne trouves pas ça bizarre toi ? J’ai eu le temps d’y réfléchir depuis que je suis ici. Mais tout est étrange dans la disparition de Luka : il est trop petit pour déverrouiller les portes et sortir tout seul ; quand je suis parti, j’ai tout bien fermé derrière moi, et rien était ouvert quand je suis revenu ; les flics n’ont pas trouvé de trace d’effraction, ni de traces de pneus autres que les tiens dehors ; personne n’a revendiqué l’enlèvement, et j’ai entendu qu’ils étaient passés chez tous les délinquants sexuels fichés dans la région, et que ça n’avait rien donné, ils avaient tous un alibi. Enfin, le routeur téléphonique de Duclair n’a indiqué aucuns numéros anormaux sur la zone, entre 1h et 6h du mat.

  •  Et tu en conclues quoi ?

  • J’en sais rien, mais qu’il faudrait peut-être chercher la vérité ailleurs…

  • Ailleurs où ? s’exclama Mickaël.

  • Je ne veux pas m’avancer, car tu vas me prendre pour un dingue, mais rappelle le dernier numéro que j’ai composé sur mon portable. Tu vas tomber sur une connaissance à moi. Il s’appelle Jacques et bosse pour Thalespace. Peut-être qu’il t’en dira plus. Allez, file maintenant, je vais avoir une discussion avec le brigadier Simon … »

 

Mickaël embrassa alors son frère, et sortit de la pièce. Lorsqu’il croisa le brigadier, il lui indiqua que son frère n’y était pour rien, et qu’il était prêt à fournir son alibi. Puis il rentra chez lui, rejoindre son épouse et sa fille, la mort dans l’âme.  

Après avoir fait un compte rendu à ces dernières, il rechercha le téléphone que Didier avait laissé dans sa chambre, puis appela le dernier numéro. Il tomba alors sur le répondeur, et laissa un message du type « Bonsoir, je suis le frère de Didier. Il m’a demandé de vous contacter. Pouvez-vous me rappeler, c’est urgent ».

Le temps des révélations
 

Le lendemain matin, Mickaël reçut le brigadier Simon chez lui. Tout le monde avait passé une très mauvaise nuit, même le brigadier avait de tous petits yeux. Ce dernier n’avait toujours aucune nouvelle rassurante à leur communiquer. Mickaël tenta alors de l’interroger sur la lumière qui avait été vue par le voisin ainsi que sa fille, mais ce dernier pensait que la personne qui s’était introduite dans la chambre de Luka pour l’enlever devait posséder une lampe torche assez puissante. Visiblement, ce n’est pas une piste qu’il allait suivre. Il laissa alors la famille Debreuils, leur promettant de continuer à les tenir informés de l’avancé de l’enquête heure par heure.

C’est à ce moment à que le téléphone de Didier se mit à sonner. Mickaël décrocha :

« Oui, allo ?

  • Monsieur Debreuils ?

  • Oui, bonjour, ici Mickaël Debreuils à l’appareil.

  • Votre frère n’est pas là ?

  • Non, je suis désolé, il ne va pas pouvoir vous répondre pour le moment. A qui ai-je l’honneur ?

  • C’est Jacques à l’appareil ; vous m’avez demandé de vous rappeler.

  • Ah oui, c’est Didier qui m’a dit de le faire, il m’a dit que vous auriez peut-être des informations à me donner concernant la disparition de mon fils ?  

  • Concernant la disparition de votre fils, ça je ne sais pas, mais concernant ce que Didier m’a demandé hier soir, oui j’ai des réponses à vous communiquer, mais elles devront rester confidentielles.

  • C’est entendu, je vous écoute.

  • Didier vous a-t-il dit dans quoi je travaillais ?

  • Non, pas vraiment. Je sais juste que vous êtes ingénieur chez Thalespace.

  • En fait je m’occupe de radar, de radar aérien. Et nous avons un programme privé, qui ausculte le ciel, jour et nuit, en dessous de 30.000 pieds.

  • Et ? demande Mickaël, ne voyant pas où Jacques voulait en venir

  • Et parfois il nous arrive d’avoir sur nos écrans des signaux qui ne devraient pas y être. J’en avais parlé un jour à Didier autour d’une bière, et c’est pourquoi il m’a rappelé.

  • Il vous a demandé quoi exactement ?

  • Il m’a demandé, comment vous dire ça ? si dans la nuit d’avant-hier soir il y avait une anomalie dans la zone des boucles de la Seine, entre minuit et 7h du matin.

  • Et ? s’impatienta Mickaël

  • Et j’ai dû appliquer certains filtres que je n’ai pas l’habitude d’utiliser, faire des recoupements et vérifier, mais ma conclusion est catégorique. Il y avait une trace énergétique, à la verticale de Sainte Marguerite sur Duclair, à 2h58 très précisément, puis celle-ci a disparu. Elle est resté persistante sur nos écrans, moins de 45 secondes !

  • Mais, mais… bafouille Mickaël, mais ça signifie quoi pour vous ?

  • Je n’en n’ai pas la moindre idée. Je vous fais juste part de mon analyse, répliqua Jacques.

  • Mais il est possible d’avoir une copie de ces signaux, une preuve que je pourrais soumettre aux enquêteurs ?

  • J’ai bien peur que non, malheureusement, M. Debreuils. Toutes les anomalies sont corrigées, puis les fichiers classés secret-défense. Je vous donne ces informations, parce que je dois une faveur à votre frère, mais je ne pourrai pas en faire plus.

  • Je comprends, je comprends. Et bien je vous remercie pour votre appel.

  • Pas de quoi, et encore bonne chance dans votre recherche », conclut Jacques avant de raccrocher.

 

Mickael était stupéfait par ce qu’il venait d’entendre. Maria tenta alors de comprendre ce qu’il se passait, mais Mickaël resta vague :

« je ne sais pas, je ne sais pas trop quoi en penser.

  • Mais il t’appelait à propos de quoi ? s’inquièta Maria.

  • Il appelait pour confirmer à Didier, qu’il y avait quelque chose au-dessus de nos têtes, le soir où Luka a disparu

  • Quelque chose ? interrogea Maria

  • Oui, une trace énergétique, mais il n’a pas pu m’en dire plus

  • Et ce serait quoi, cette trace ? Un avion ? un hélicoptère ?

  • Non, il avait plutôt l’air de dire qu’il s’agissait d’une anomalie, donc rien d’identifiable je suppose.

Le téléphone de Didier sonna à nouveau à ce moment-là.

  • M. Debreuils ?

  • Oui, c’est vous Jacques ?

  • Oui, j’ai juste oublié de vous dire, que j’avais regardé les jours précédents pour comparer les signaux, et que la signature apparaissait aussi la veille, à la même heure.

  • Ah ! rétorqua Mickaël qui ne savait pas quoi faire de cette nouvelle information.

  • Voilà, je ne vous embête pas plus longtemps, au revoir, finit par dire Jacques tout en raccrochant.

Mickaël regarda le téléphone pensif.

  • Il t’a dit quoi ? lui demanda Maria.

  • Que dans la nuit de jeudi à vendredi, il y a eu la même signature énergétique au-dessus de …

Mickaël ne finit pas sa phrase.

  • Dans la nuit de jeudi, à vendredi, la nuit de jeudi à vendredi ! Mais c’est bien sûr !!, s’exclama-t-il

  • Quoi, comment, qu’est-ce que tu as trouvé ?? s’inquiéta Maria

  • Hein ? non rien, quoi, je ne sais pas. Attends-moi ici, je vais vérifier quelque chose. »

Mickaël déboula alors dans la chambre de son fils, prit le drone qu’avait offert Didier à son neveu et en récupéra la caméra embarquée qu’il brancha sur son téléviseur. Après avoir assisté à l’envol du drone qui décolla à la verticale au-dessus de leur jardin, ce dernier prit la direction du champ de blé de son voisin, le père Magotte. Mickaël suivit sa progression à travers l’image enregistrée par la caméra embarquée, et après quelques embardées chaotiques, le drone fit une rotation à 90° et se dirigea à la verticale du champ de blé, tout en s’élevant le plus possible afin d’avoir la meilleure vue d’ensemble. Et ce Mickaël vit enregistré par la caméra lui coupa le souffle : un immense crop circle se dessinait dans une forme rectangulaire, et cet agroglyphe représentait un visage dans un cadre, qui avait la morphologie de son fils !

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